09 mai 2006

Un jour, J'aurais un métier - Complainte de Jeune

Moi aussi, Je suis narcissique.
Un jour, Moi aussi, J'aurais un (vrai) métier - la complainte du Jeune.
Un bien beau titre pour, encore une fois, ne livrer aux yeux du monde qu'une vaste supercherie nombrilophage :
Ma vie, Mon oeuvre, volume I - Les métiers qui M'ont nourri (jusqu'à présent).
Au début, J'avais des parents. Ensuite, J'ai eu la chance de continuer à avoir des parents (les mêmes, en plus). Mais ces derniers ont commencé à Me faire gentiment comprendre que bon, un jour ou l'autre, il faudrait bien que Je me décide à arrêter de manger leurs haricots et leurs steaks à eux, assis à leur table à eux et couvert par leur toit à eux, toutes ces bonnes choses qu'ils payaient, finalement, avec leur argent... à eux.
Alors, J'ai décidé (d'un commun accord avec le fusil de chasse de Mon père) de Me lancer enfin dans le grand monde, et de gagner Ma vie à Moi.
Excellente initiative : après tout, c'est bien connu, les voyages forment les Tanguy.

Pendant deux mois, J'ai donc été Stagiaire (TM) à la Banque de France. Mon boulot était simple : rentrer dans un ordinateur des centaines de liasses fiscales, et ce sans même m'endormir.
Deux mois formateurs devant l'Eternel, au cours desquels J'ai compris que la machine à café, finalement, c'était quand même un coin génial pour sympathiser avec de supers amis pour la vie qui n'ont en commun avec vous que leur employeur et un goût immodéré pour le café-long-lavasse-trop-sucré.

Ensuite, pendant six mois, J'ai été Serveur (TM) dans un bar à flics. Je devais servir des cafés de qualité à des clients exigeants, des capuccino à des clients franchement chiants, et des citrons pressés à des clients qu'on pourrait qualifier de carrément pervers. Je travaillais deux journées de suite, le week end, de six heures du matin à six heures du soir, et puis, dans la foulée, deux nuits de suite de six heures du soir à six heures du matin - le meilleur moyen de réduire rapidement l'ensemble de Mes nerfs à l'état de petits cubes Knorr périmés. En six mois top chrono, Je suis devenu à la fois très costaud, très lunatique et très alcoolique ; c'était génial.

Alors Je suis monté dans la hiérarchie, pour moins courber l'échine, et Je suis devenu Barman (TM) dans un bar à étudiants. C'était à peu près le même topo, sauf que comme J'avais moins besoin de me déplacer et comme Je ne portais plus de plateau, les quelques muscles saillants que J'avais pu développer se sont transformés en des sortes de petites poches flasques. Et puis Je n'étais presque pas payé ; mais bon, le Bonheur a un prix, c'est normal.

J'ai donc décidé de coupler un nouveau boulot de Barman (TM) avec un boulot d'assistant pour un journal parlementaire (TM), pour changer un peu. Le premier n'était carrément plus payé du tout, mais aussi franchement plus rigolo. J'exsudais un peu la fatigue et l'alcool quand Je venais pointer au second, mais ça me permettait au moins de M'offrir quelques fraises Tagada de temps à autre. Le seul problème, c'est que la boîte en question était un repaire de madelinistes bon teint, donc autant vous dire que Je surveillais Mes arrières en permanence.

Du coup, J'ai fini par dire merde à la nuit, la boîte de madelinistes a fini par dire merde à son liquidateur judiciaire, et Je me suis proprement retourné vers un poste de Secrétaire Général (TM) dans une boîte de communication, dont je n'ai que trop longuement parlé dans un autre post. C'était tellement génial que j'y ai pourri sur pied pendant trois ans bien tapés, sombrant finalement dans une sorte de langueur aigrie, de dépression permanente et d'alcoolisme latent que je n'aurais pas pu mieux solliciter que dans un cadre aussi épanouissant.

Et puis, comme J'ai finalement décidé de Me remettre à Me poser quelques questions, c'est à dire à Me remettre en fait INTEGRALEMENT en question, Je Me suis enfin décidé à sauter à pieds joints dans la tourmente classique que représentent quatorze mois de chômage. Super sympa au début - apprentissage du "Je ne Me lève plus, plus besoin", redécouverte du "l'argent Me tombe dans la gueule, trop cool", etc. Puis nettement plus déprimant, dès lors qu'on se remet à chercher plus activement du travail, et qu'on commence, du même coup, à recevoir tout un tas de lettres de refus plus ou moins engageantes ("tu es super, mec, mais pas pour nous, mec")... Pour ne pas imploser tout à fait, J'en ai quand même profité pour faire comme la moitié des Français au bas mot, c'est à dire pour "écrire un premier roman" (TM). Avec des phrases trop longues, trop de personnages d'alcooliques au kilomètre, la sensibilité d'un enclume, tout le tintouin.

Alors, après avoir là encore reçu des maisons d'éditions quelques bonnes vieilles lettres de refus plus ou moins engageantes, mais totalement différentes des premières bien entendu ("ton roman est super, mec, mais pas pour nous, mec..."), J'ai finalement décroché un poste dans la boîte d'une connaissance bonne Samaritaine, qui fait de la comm' sans en faire, travaille plus avec des associations qu'avec des ordures bon teint, pense qu'on travaille mieux quand on est relax', etc.

Bref, jusqu'à aujourd'hui - ça fait cinq mois tout juste -, ça va mieux, merci.
Mais un jour, un jour, c'est certain, J'aurais un métier, Moi aussi, qui aura été conçu et dessiné tout naturellement tout autour de Moi.
C'est certain.
Et on reprend la complainte, en choeur : trois, quatre...

6 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Après lecture de qq "posts" je remarque que tu n'as pas reçu assez de claques dans ton enfance. Il faudrait y remédier !
ça va te faire du bien, tu verras.
Viens voir Bernardo !

10/05/2006 15:26  
Blogger Le Taulier said...

Ah, Mon enfance...
Puisque cette question, ainsi que celle du nombre de claques reçues et/ou données à cette époque, se posent si subtilement, je crois que je vais devoir...
...
... vous en détailler quelques "Moments Forts" (TM) au plus vite - dans un prochain "post", donc.
Tu vas voir, Bernardo Anonyme, ça va être absolument Gé-nial.

10/05/2006 15:34  
Anonymous Anonyme said...

lire le blanc sur noir, c'est horrible, ça flingue les yeux. alors je vais arrêter de lire.

10/05/2006 20:53  
Blogger Le Taulier said...

Oui.
Et en plus, les messages sont tellement longs...
Il me faudrait vraiment un écran qui fasse négatif.
...
Ah non, je suis bête, j'en ai déjà un : le machin qui me sert de cerveau.

10/05/2006 22:58  
Anonymous Anonyme said...

C'est quand même déprimant, ces histoires de galère pour trouver un job. Mon conseil: PARTIR, PARTIR, PARTIR.
Voir mon post ici:
http://20six.fr/wrath666/art/1196557

14/05/2006 00:06  
Blogger Le Taulier said...

C'est vrai, sur le fond : partir, c'est mieux.
En même temps, pourquoi à Londres ?
Bon.
Ca se tient et, au même moment, ça ne se tient pas du tout.
Je travaille à un départ presque définitif, en fait, mais pas totalement... en fait.
Bref, j'y travaille...

14/05/2006 05:41  

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