03 mai 2006

Snobisme et Ringardisme : essai de typologie

Moi aussi, Je suis narcissique.
Et comme Je suis aussi, à coup sûr, une référence incontournable pour chacune de Mes tortues, voire un peu pour Mon réfrigérateur aussi, Je vais aujourd'hui Me lancer dans un nouvel exercice périlleux:
"L'essai de Typologie, auto-élaboré, auto-tiré-par-les-cheveux, aussitôt décrié" (TM).
Les grands philosophes, les grands sociologues, les grands psychologues de télé s'y sont TOUS essayés, alors pourquoi pas Moi ?
Ne cherchez pas, il n'y a AUCUN argument valable à Me rétorquer : TOUT LE MONDE a le droit d'élaborer sa petite typologie lénifiante ; c'est même un droit DEMOCRATIQUE.
Aujourd'hui, donc, la typologie du snob et du ringard, du cool et du wanna-be, du branché et du has-been.
Pour tes yeux à toi.
Tout d'abord, pour cuisiner une typologie qui pète un tant soit peu, il faut toujours subdiviser, pour ensuite classer. En l'occurence, J'ai choisi, de manière totalement arbitraire évidemment, deux critères : le niveau réel d'intérêt (1), et le rapport aux flux divers d'informations (2).

Prenons un sujet X et dans le vent bien sûr (littérature, cinéma, musique, etc.), en l'occurence, disons... la littérature, au hasard. Question niveau réel d'intérêt, nous caractérisons :
- l'obsession pathologique, propre au "vrai mordu",
- l'intérêt de mode ou de circonstance, propre au "vrai branleur",
- l'absence d'intérêt, propre au "vrai ringard".
Considérons ensuite la question du rapport aux informations. Là encore, nous avons :
- "l'infophage" névropathe, qui lit TOUT sur le sujet, sous TOUTES les formes.
- "le strict-minimumiste", qui lit... les Inrocks, sans trop gratter plus loin.
- "le rien à batt', d'tout' manièr'", qui ne lit rien sur le sujet.

Bien bien bien. Les bases sont donc posées. Maintenant, comme dans toute (bonne (ou mauvaise, d'ailleurs)) typologie qui se respecte, nous allons croiser un petit peu les critères. En nous demandant à chaque fois ce que répondrait un type de la catégorie concernée à une question simple sur le sujet, disons... "Eyh, salut, on ne se connaît vraiment pas du tout, mais dis moi, mec, t'as déjà lu Hubert Selby Junior ?"
Alors, qu'est-ce que ça donne ?

D'abord, il y a mon choucou : le vrai branleur infophage, qui sait tout sur tout A UN MOMENT DONNE, puis oublie tout sur tout quand la mode est passée. Appelons le... disons... L'HOMME A LA MECHE. Si vous le croisez en soirée, évitez-le, ou alors moquez-vous de lui à plusieurs, en riant très fort et en le montrant du doigt.
- Le "vrai branleur" "infophage" (Mon préféré, donc) : "ouais, trop bien. Tu sais que Bret Easton Ellis s'est vachement inspiré de lui ? Il l'a lu, la première fois, dans une maison de Sausalito, le jour de son premier contact avec la drogue. Trop cool, non ? Mais bon, moi, j'ai pas lu."

Ensuite, certains personnages sont plus évidents que les autres. Appelons les... LES EVIDENTS. Vous en croiserez tout le temps, partout. Ils s'assument bien, difficile d'entrer en conflit avec eux.
- Le "vrai mordu" "infophage" : "ouais, excellent. Y a une douzaine de blogs sur lui, c'est trop génial, et, et... et tu sais que son chien, qui s'appelait Coincoin, au passage, et qui portait une tache juste sous l'oreille droite, a pissé un jour sur un journal qui avait appartenu à Roosevelt ?"
- Le "
vrai branleur" "strict-minimumiste" : "ouais, trop bien. Il y avait un dossier là-dessus, le mois dernier, dans... un journal."
- Le "
vrai ringard" "rien à batt'" : "quoi ? Ppp... Jamais entendu parler. Bon, on y va, à la pistoche, oui ou merde ?"

Et puis il y a les moins folkloriques, que j'ai appelé les... LES PAS FOLKLORIQUES. Ils sont sympas, mais ont le cul largement reposé entre deux chaises, ce qui leur confère un air pas super engageant.
- Le "vrai mordu" "strict-minimumiste" : "ouais, excellent. J'aime bien Le Démon surtout, ça pète bien. Tu veux que je t'en parles ?"
- Le "
vrai branleur" "rien à batt'" : "ouais, wouw, trop génial. C'est un... un... un écrivain, ce mec, wouw, c'est dingue, c'est... waaa."
- Le "
vrai ringard" "strict-minimumiste" : "ouais ouais. C'est un écrivain qui a écrit des livres avec une machine à écrire des livres. Enfin je crois."

Enfin, il y a les cas sociaux schizophréniques. Passionné qui ne lit rien sur le sujet, ou bien j'm'enfoutiste à la pointe de l'info... Etudions un peu ce qu'ils donnent en société.
- Le "vrai mordu" "rien à batt'" : "ouais, excellent. Ah bon, c'est "Junior", à la fin ? Tiens. Enfin, j'l'ai sûrement lu mais je sais même pas quand ça a été écrit. C'est un Amérloque, le mec, non ?" (ce personnage est bien un schizophrène refoulé).
- Le "
vrai ringard" "infophage" : "ouais ouais, il est à nouveau à la mode depuis cinq ans et sept mois, quand Le Monde lui a consacré un dossier, largement repiqué à Technikart d'ailleurs. Mais moi, j'ai pas lu" (incroyable : ce type là, finalement, est l'Ultime Branché devant l'Eternel... Ouaw... tout ce qu'on apprend dans les typologies, pas vrai ?).

Incroyable de révélations, tout ça, non ?...
Pour info, ce type de "typologisation du monde" (TM) fonctionne toujours très bien, quel que soit le sujet concerné, en toutes circonstances et plus particulièrement si vous n'avez absolument rien à dire en société (ou, mieux encore, si vous êtes seul et que vous n'avez même rien à penser).
Voilà voilà voilà... La typologie chiante, donc, ça, c'est fait.
Ben... Ben Je suis bien content, du coup.