Comment peut-on être adolescent ?
Moi aussi, Je suis narcissique.
Et tout narcissique que Je suis, J'ai aussi été adolescent. L'adolescence n'est pas simplement l'âge des boutons, comprenons-nous bien - et faisons fi de la caricature généralisatrice facile.
Non. L'adolescence est un bouton géant, qu'on porte au milieu de notre trogne toute notre misérable vie. Caricature généralisatrice facile, Je vous l'accorde, mais aussi, et au même moment, vérité indéniable.
Vous savez, quand on parle à des gens inconnus à travers un média anonyme de choses personnelles, on est souvent confronté - si Vide soit-on - au risque de parler de quelque chose que tout le monde ne pourra pas comprendre... parce que tout le monde ne l'aura pas vécu. Je parle par là, et notamment, de la première cigarette, de la fois où un chien nous a mordu, du fait qu'on arrivait à distinguer intimement chacun des canards qui flottaient dans une mare que nous seul avons connue, du premier jour où on a détesté Alain Madelin, de cette nana qui ne voulait pas sortir avec nous notamment (et non exclusivement) parce qu'on ne le lui avait même pas vraiment demandé... et, pourquoi pas, de la première fois où l'on s'est détesté, de la première fois où l'on s'est trouvé super, et, par conséquence, de la première fois où l'on s'est trompé.
C'est intime et personnel, et c'est sans doute précisément la raison pour laquelle tout le monde s'en tape.
Mais l'adolescence, bon. Vieille carne ou jeune con, tout individu est passé par là, a priori. Et il y en a même qui y resteront bloqués toute leur vie.
Vous ne voyez pas de quoi je parle ? Bon. Alors précisons, un peu ; nettoyons votre mémoire sélective à grandes giclées d'eau de Javel.
1. "Oh mon dieu, ce bouton est vraiment terrible. Je sais qu'il est encore pire, maintenant que je l'ai charcuté pour le cacher (? - "charcuter pour cacher"... toute l'adolescence tient dans ce premier adage surréaliste), mais que puis-je faire ?"
2. "Personne ne me comprend. Les adultes sont vraiment trop cons." ("incompris donc supérieur", deuxième marche de la gloriole adolutrescente).
3. "Je suis tellement triste que je vais mourir." ("mourir en pleurant", troisième adage viscéralement adolescon).
4. "Pourquoi cette nana in-croy-able est-elle sortie avec lui (qui lui a demandé si elle voulait le faire) plutôt qu'avec moi (qui pensait qu'en faisant comme si de rien n'était, elle comprendrait forcément) ? C'est vraiment trop trop bizarre." ("se faire comprendre en mimant l'absence", dernier axiome des moins de seize ans).
Ca y est, c'est bon ? Le flash-back a bien fonctionné ?
L'adolescence, c'est ce moment très très bizarre où l'on se sent très très incompris, et où l'on tire de ce ressenti après tout légitime la conclusion incroyable selon laquelle incompris = super.
Personnellement, J'étais un très très bon exemple de ce fonctionnement, tellement bon qu'il me faut parfois lutter pour ne pas y replonger tête condamnée.
Au rayon "charcuter pour cacher", nous avons bien entendu le célèbre ongle cassé qu'on ronge pour... qu'il redevienne non-cassé. Super. Mais il y a aussi l'excellentissime rupture amoureuse : "ah oui, tu veux me quitter ? Et bien, je vais... je vais... pourrir ce qui reste (pour que tout s'arrange, bien entendu)". Mmm... Ca sent bon le winner, tout ça.
Au rayon "incompris donc supérieur", les exemples sont trop nombreux pour qu'on les... dénombre, oui, ok... désolé. Je parle par là, pêle-mêle, du syndrôme-de-l'écrivain-maudit (TM), de la-résistance-à-la-pression-hiérarchique-en-entreprise (TM), de la-veste-bien-assumée (TM) parce-qu'après-tout-cette conne-ne-vous-méritait-pas (TM) et de l'engueulade standard, version t'es-trop-con-pour-comprendre (TM) (ce-que-je-ne-comprends-pas-chez-toi (TM)). Enfin, bref, et pour résumer, de tous ces faux-semblants foireux qui nous permettent de surnager alors même qu'on s'est noyé tout seul.
Au rayon "mourir en pleurant", mon préféré ou presque (et aussi celui des psytrucs), on peut classer peinard deux-trois "je picole à fond, mais c'est parce que je suis triste" (?? Ah, ok), quelques "non, je sors pas, je suis trop triste" (?? ouais... et ?), et bien entendu leur maître à tous, le fameux "j'étais trop mal, j'ai pas parlé".
Quant au rayon "se faire comprendre en mimant l'absence", ce truc étrange qui en persuade certains de se montrer aussi peu expressif que possible pour être vraiment certain que tout le monde saisira bien leur pensée, les exemples sont trop nombreux pour qu'on les... dénombre (décidémment, je me répète à fond).
Oui, bon, finalement, je sais comment on peut être adolescent. Et il n'y a qu'une seule réponse à cette question : en l'ayant déjà été, et en flirtant avec une nostalgie stérile pendant les temps morts.
D'accord. Mais, alors, J'en reviens fatalement à ma question initiale : "Nous, ok. Mais les adolescents, les vrais, je veux dire, comment ils peuvent faire pour commencer à être adolescents ?" Ca, ça me dépasse. Nous, on est perdu, génération(s) sacrifiée'(s), tout ça. Mais eux? Pourquoi y foncent-ils avec la même bêtise et le même allant que nous-mêmes, à l'époque ?
Pour eux (et un peu pour nous aussi), Je n'ai que quatre contre-ordres à formuler, pour qu'en se plantant de chemin ils soient au moins bien conscients qu'ils sont en train de le faire :
1. Les choses disgracieuses disparaissent d'elles-mêmes.
2. Etre incompris, ça signifie avant tout ne pas s'être fait comprendre.
3. Mourir n'est pas un truc super facile à faire. Une larme, ce n'est pas du sang.
4. Un visage impassible, ce n'est pas un visage qui parle. C'est un visage impassible.
Désolé pour cette leçon à deux balles.
J'aurais bien aimé réouvrir le bar de Saint-Franswa-du-Kalhua sans prendre la tête à tout le monde. Même Moi, pour être franc, Je me suis un peu fatigué, sur ce coup-là.
Et tout narcissique que Je suis, J'ai aussi été adolescent. L'adolescence n'est pas simplement l'âge des boutons, comprenons-nous bien - et faisons fi de la caricature généralisatrice facile.
Non. L'adolescence est un bouton géant, qu'on porte au milieu de notre trogne toute notre misérable vie. Caricature généralisatrice facile, Je vous l'accorde, mais aussi, et au même moment, vérité indéniable.
Vous savez, quand on parle à des gens inconnus à travers un média anonyme de choses personnelles, on est souvent confronté - si Vide soit-on - au risque de parler de quelque chose que tout le monde ne pourra pas comprendre... parce que tout le monde ne l'aura pas vécu. Je parle par là, et notamment, de la première cigarette, de la fois où un chien nous a mordu, du fait qu'on arrivait à distinguer intimement chacun des canards qui flottaient dans une mare que nous seul avons connue, du premier jour où on a détesté Alain Madelin, de cette nana qui ne voulait pas sortir avec nous notamment (et non exclusivement) parce qu'on ne le lui avait même pas vraiment demandé... et, pourquoi pas, de la première fois où l'on s'est détesté, de la première fois où l'on s'est trouvé super, et, par conséquence, de la première fois où l'on s'est trompé.
C'est intime et personnel, et c'est sans doute précisément la raison pour laquelle tout le monde s'en tape.
Mais l'adolescence, bon. Vieille carne ou jeune con, tout individu est passé par là, a priori. Et il y en a même qui y resteront bloqués toute leur vie.
Vous ne voyez pas de quoi je parle ? Bon. Alors précisons, un peu ; nettoyons votre mémoire sélective à grandes giclées d'eau de Javel.
1. "Oh mon dieu, ce bouton est vraiment terrible. Je sais qu'il est encore pire, maintenant que je l'ai charcuté pour le cacher (? - "charcuter pour cacher"... toute l'adolescence tient dans ce premier adage surréaliste), mais que puis-je faire ?"
2. "Personne ne me comprend. Les adultes sont vraiment trop cons." ("incompris donc supérieur", deuxième marche de la gloriole adolutrescente).
3. "Je suis tellement triste que je vais mourir." ("mourir en pleurant", troisième adage viscéralement adolescon).
4. "Pourquoi cette nana in-croy-able est-elle sortie avec lui (qui lui a demandé si elle voulait le faire) plutôt qu'avec moi (qui pensait qu'en faisant comme si de rien n'était, elle comprendrait forcément) ? C'est vraiment trop trop bizarre." ("se faire comprendre en mimant l'absence", dernier axiome des moins de seize ans).
Ca y est, c'est bon ? Le flash-back a bien fonctionné ?
L'adolescence, c'est ce moment très très bizarre où l'on se sent très très incompris, et où l'on tire de ce ressenti après tout légitime la conclusion incroyable selon laquelle incompris = super.
Personnellement, J'étais un très très bon exemple de ce fonctionnement, tellement bon qu'il me faut parfois lutter pour ne pas y replonger tête condamnée.
Au rayon "charcuter pour cacher", nous avons bien entendu le célèbre ongle cassé qu'on ronge pour... qu'il redevienne non-cassé. Super. Mais il y a aussi l'excellentissime rupture amoureuse : "ah oui, tu veux me quitter ? Et bien, je vais... je vais... pourrir ce qui reste (pour que tout s'arrange, bien entendu)". Mmm... Ca sent bon le winner, tout ça.
Au rayon "incompris donc supérieur", les exemples sont trop nombreux pour qu'on les... dénombre, oui, ok... désolé. Je parle par là, pêle-mêle, du syndrôme-de-l'écrivain-maudit (TM), de la-résistance-à-la-pression-hiérarchique-en-entreprise (TM), de la-veste-bien-assumée (TM) parce-qu'après-tout-cette conne-ne-vous-méritait-pas (TM) et de l'engueulade standard, version t'es-trop-con-pour-comprendre (TM) (ce-que-je-ne-comprends-pas-chez-toi (TM)). Enfin, bref, et pour résumer, de tous ces faux-semblants foireux qui nous permettent de surnager alors même qu'on s'est noyé tout seul.
Au rayon "mourir en pleurant", mon préféré ou presque (et aussi celui des psytrucs), on peut classer peinard deux-trois "je picole à fond, mais c'est parce que je suis triste" (?? Ah, ok), quelques "non, je sors pas, je suis trop triste" (?? ouais... et ?), et bien entendu leur maître à tous, le fameux "j'étais trop mal, j'ai pas parlé".
Quant au rayon "se faire comprendre en mimant l'absence", ce truc étrange qui en persuade certains de se montrer aussi peu expressif que possible pour être vraiment certain que tout le monde saisira bien leur pensée, les exemples sont trop nombreux pour qu'on les... dénombre (décidémment, je me répète à fond).
Oui, bon, finalement, je sais comment on peut être adolescent. Et il n'y a qu'une seule réponse à cette question : en l'ayant déjà été, et en flirtant avec une nostalgie stérile pendant les temps morts.
D'accord. Mais, alors, J'en reviens fatalement à ma question initiale : "Nous, ok. Mais les adolescents, les vrais, je veux dire, comment ils peuvent faire pour commencer à être adolescents ?" Ca, ça me dépasse. Nous, on est perdu, génération(s) sacrifiée'(s), tout ça. Mais eux? Pourquoi y foncent-ils avec la même bêtise et le même allant que nous-mêmes, à l'époque ?
Pour eux (et un peu pour nous aussi), Je n'ai que quatre contre-ordres à formuler, pour qu'en se plantant de chemin ils soient au moins bien conscients qu'ils sont en train de le faire :
1. Les choses disgracieuses disparaissent d'elles-mêmes.
2. Etre incompris, ça signifie avant tout ne pas s'être fait comprendre.
3. Mourir n'est pas un truc super facile à faire. Une larme, ce n'est pas du sang.
4. Un visage impassible, ce n'est pas un visage qui parle. C'est un visage impassible.
Désolé pour cette leçon à deux balles.
J'aurais bien aimé réouvrir le bar de Saint-Franswa-du-Kalhua sans prendre la tête à tout le monde. Même Moi, pour être franc, Je me suis un peu fatigué, sur ce coup-là.
4 Comments:
Ouh, tout ça me rappelle de bons mauvais souvenirs à moi aussi : ongles rongés, bouton sur le pif (oui, là, en plein milieu, comme un "stop, surtout n'approchez pas, je suis contagieuse"), impassibilité, impossibilité d'exprimer ma pensée (venant d'ailleurs de la confusion extrême de celle-ci, et, au fond, de sa banalité), vestes (avec écharpe, parapluie, coup de pompe dans le cul et "va voir ailleurs si j'y suis")...
Bizarrement, un jour, ça s'est barré, tout ça. Mystérieusement, c'était pile-poil le jour où je me suis dit "merde, je n'ai rien à prouver à quiconque, je suis ce que je suis et tant pis".
Ouaips. Une pensée qui est encore loin de m'avoir traversé un jour...
En fait, je suis pire qu'un adolescent.
Je suis un post-adolescent...
L'angoisse.
Je dirais mieux, t'es un post-adolescent jeune. Le drame.
Cela dit, tu es beau. C'est une très belle synthèse de l'adolescence que tu nous fais là.
(dommage qu'il manque des références aux troubles hormonaux)
Euh... merci.
J'aime aussi l'ensemble de ton oeuvre, vodkapomme-glopblog.
(et puis moi, j'étais Flash Gordon, au passage, sur le test super héros).
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