27 août 2006

La Liberté pour les Nuls

Moi aussi, Je suis... bla bla bla.
Et voilà qu'en ce beau jour, après l'effet d'annonce parfaitement contre-productif que J'ai commis il y a quelques jours (1. J'ouvre deux autres blogs. 2. Ils sont vides. 3. Désolé), J'ai bien envie à nouveau d'enchaîner une nouvelle fois sur cette thèse palpitante qu'est, J'ai nommé, "comment fonctionne la plus grande supercherie occidentale du début du XXIème siècle : la Liberté qui nous ressemble" (TM).

Quelle est cette délicieuse supercherie ? Elle se résumé simplement:
1. Faire en sorte que tout le monde fasse comme tout le monde.
2. Faire en sorte que chacun croit être libre de le faire.
Quel est Mon exemple récurrent ?
La "Hugo Boss Touch'" (TM) : "N'imitez pas, innovez" (?!).
Y a t il d'autres exemples ?
Bien sûr : les iPod, la télé-crochet, les baskets, les séries américaines, le peer-to-peer, l'esprit d'entreprise, les clichés de manière générale, la junk food, les voitures, les canons de beauté, le papier toilette, l'objectivité journalistique, voire... les élections. Tout, en fait.
Qu'avons-nous déjà vu ?
Que le slogan de H. Boss incarnait l'exemple parfait du hold-up parfait.
Que tout savoir n'était pas toujours la marque d'une grande indépendance d'esprit.
Plein d'autres trucs.

Qu'y a-t-il à ajouter ?
Parlons donc, n'ayons pas peur des mots, de la Liberté.
1. Première définition de la liberté (Franswa, 5 ans) : "la Liberté, c'est faire ce qu'on veut".
Je serai pas le premier, en l'occcurence, à rappeler que oui, mais non. Je Me réfère à de grandes phrases devenus des clichés politiques idéaux, comme "la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres". C'est fondamentalement faux, mais c'est socialement vrai : si J'étais libre au premier sens du terme, rien ne devrait M'empêcher de tuer le chien de mon copain d'une balle dans la tête si ses aboiements m'énervaient. Ou sa femme, d'ailleurs, pour une raison similaire. Mais socialement, c'est impossible. Faisable, certes, mais illégal, parce que J'empièterais alors sur la liberté du pote en question - on sait jamais, il se faisait peut-être un plaisir de le (ou de la) flinguer lui-même, comme un grand.
Par exemple...
2. Deuxième définition de la liberté (Franswa, 16 ans) : "la Liberté, c'est faire ce que Je veux, mais sans bousiller la Liberté des autres".
On observe là un premier glissement coercitif de la définition. Libre, oui, mais légalement. Plusieurs siècles de philo-pipeau nous ont parfaitement fait intégrer cette idée pour le moins acquise.
Deuxième limite imposée : ah bah ouais, on peut pas toujours, matériellement, ou moralement, ou n'importe comment, faire ce qu'on veut... De la même façon que Je n'ai pas le droit de flinguer chien ou femme de Mon ami, même si J'ai vraiment très très envie de tuer chien ou femme de Mon ami, ceci est parfaitement impossible s'il n'a pas de chien, ou pas de femme. Logique.
Alors, dans ce cas, comment définir le bourzouf' ?
3. Troisième définition de la Liberté (Franswa, 25 ans) : "la Liberté, c'est faire ce que Je veux, sans dézinguer la Liberté des autres, et dans les limites de ce qui est Possible."
Alors qu'est-ce qui possible, et qu'est-ce qui ne l'est pas. Il y a d'abord les contraintes matérielles : difficile de tuer le chien de quelqu'un qui n'a pas de chien, on l'a vu. Ensuite, les contraintes morales : que se passe-t-il si Je ne veux plus tuer, mais faire l'amour avec la femme de mon pote ? Ou avec son chien ? Tac ! Limitation morale.
Il y a enfin les contraintes existentielles : difficile de tromper Mon pote avec sa femme si sa femme est décédée ; ben oui, c'est trop tard, fallait y penser avant. Ou alors si, ok, on peut - mais alors Je pense bien qu'on en revient d'un coup aux contraintes morales...
Tout ceci est quand même assez déprimant. On peut tout faire, en fait, sauf ce qu'on ne peut pas faire. On est donc "super avancé" (TM).
Et c'est là qu'interviennent les publicitaires, les communicateurs, tous ces amis qui nous veulent du bien à condition qu'on les engraisse sans grincer des dents... Les publicitaires prennent donc le relais des philosophes (un comble), le relais des moralisateurs (moins un comble), volent à notre secours de dépressifs en puissance, et nous enfoncent au passage une bonne grosse nouvelle définition dans le crâne, à coups de spots et d'affiches.
4. Quatrième définition de la liberté (Franswa, 28 ans) : "la Liberté, ok, c'est faire ce qu'on veut, et puisqu'on ne doit pas bousiller celle des autres, puisqu'on n'a pas le droit de faire ce qu'on n'a pas le droit de faire, autant tous faire pareil en se faisant croire à nous-même que c'est notre libre arbitre qui en prend la décision..."
Bingo. C'est à ce moment précis qu'on a TOUS TOUT perdu.
Pour vivre libre, vivez dans la mauvaise foi. Sur des millions d'ipod vendus, combien, à votre avis, contiennent des sélections musicales vraiment originales ? Sincèrement. Pourtant, sur des millions d'ipod vendus, combien de propriétaires d'ipod sont persuadés que leurs sélections musicales "leur ressemblent" (TM). Et tac!... là encore !
Aaaah, le fameux "il faut que ça Me ressemble".
"-Mon mariage, il faut qu'il Me ressemble : alors Je vais faire ça à l'église parce que ça Me ressemble, Mon traiteur va offrir du foie gras parce que ça Me ressemble. Le DJ passera Madonna parce que ça Me ressemble. Et tiens, Je vais mettre une robe blanche parce que ça Me ressemble. Et toi ?
- Ben... euh... pareil... on se ressemble, en fait."
La plus grande escroquerie du monde, applaudie par tous.

Oui, bon, désolé. Tout ceci n'était pas palpitant à proprement parler.
Et entretemps, la définition s'est quand même salement allongée - c'est d'ailleurs le vrai problème des définitions, quand on décide de les creuser. Pour trouver d'autres exemples, étudiez-donc ces définitions-ci, courantes : "un pauvre, c'est quelqu'un qui n'a pas un radis", "un radis, c'est un légume que n'aiment pas les chiens", "un chien, c'est un animal à quatre pattes" (vous allez vous marrer avec celle-là), "une patte, c'est ce qui manque à un oeuf", "un oeuf, c'est un truc qui se mange", "manger, c'est mettre des choses dans sa bouche", "la bouche, c'est l'arme des hommes politiques", "un homme politique, c'est le représentant du peuple", etc.
Vous allez voir, c'est super. Selon la direction que prend votre épluchage, ça peut vous donner des choses comme :
"un chien, c'est un animal à quatre pattes sauf s'il en a perdu une, qui n'a pas de corne sur le nez ni de corne tout court sauf s'il a une malformation, qui ne mange pas de radis sauf s'il aime ça, qui ne parle pas sauf s'il c'est un personnage de bédé, qui ne s'appelle pas forcément Snoopy ou Chocolat sauf si c'est un labrador blanc ou marron, qui ne... sauf si..."... etc.
Wouw. Qu'est-ce qu'on a avancé, aujourd'hui !

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Tu devrais faire gaffe quand même, parfois on sait plus si c'est du vide remplit ou du plein vidé que l'on a sous les yeux.
Alors si on simplifie un peu, il y a la liberté qui nous vient de l'extérieur (le droit), puis la liberté qui nous vient de l'intérieur (la volonté).Et bien je ne sais pas si tu l'as remarqué, on dirait que plus on nous donne du droit, moins on a de volonté. L'impression notamment que la censure très bien cadrée a diminué, mais l'autocensure règne.
Par exemple, ce qui est encore plus délicieux dans cette supercherie dont tu parles, c’est que personne n’en est dupe, mais tout le mode rentre dans la rébellion encodée, tellement désinvolte, tellement dans l'air du temps.

29/08/2006 00:35  

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