28 juillet 2006

Interaction Coupable

Moi aussi, Je suis narcissique.
Et Je me trouve incarner à la perfection un fâcheux mélange entre "un mec qui se la pète avec ses titres qu'on dirait un téléfilm de M6" (TM) et un bon gros branleur qui n'écrit plus rien ("oooooh").
Et tandis que ce "Mon Blog" (TM) est assailli par de faux commentaires vantant les mérites des cours de guitare en ligne ou des placebo cannabistiques (ou, pire encore, par des rafales de SPAM-comments qui Me disent à Moi-même que Je suis super, comme si Je ne le savais pas déjà), et ben Je vais monter encore d'un cran dans la pédanterie. En effet, pour bien marquer le ré-atterrissage de Mes valoches dans les parages, Je M'en vais tout de suite vous livrer une "super réflexion sur la société contemporaine de manière générale et sur les valeurs modernes parce que merde, y a pas de raison que Moi non plus, J'aie pas le droit de raconter des conneries sur ce Mon petit coin de nappe personnel et un peu crapoteux qu'est ce "Mon Blog" (TM)" (TMbis).

Ah la la. Ben oui. Je M'en vais de ce pas vous entretenir de la conception extrêmement hypocrite et égocentrée de la culpabilité qui s'est faite jour dans nos jolies petites sociétés surnormées. D'où le titre, d'ailleurs, d'Interaction Coupable. Ca ne cassera pas trois pattes à un canard ni trois clichés à un connard, mais bon, on va dire que Je vais faire comme ça quand même, et puis voilà.

Cantonons nous d'abord aux petites rixes quotidiennes, et pour tout dire, les plus à la mode pour cette raison même. Je vais donc déblatérer tranquille sur les deux exemples que constituent "tu-fumes / c'est-mal" (Tribute Ministère de la Santé) et "tu-conduis-bourré / c'est-mal" (Tribute Ministère des Transports).
En effet, quand quelqu'un se plaint que vous fumez à côté de lui, ou se désole du fait que vous ayez conduit avec plus d'un verre et demi d'alcool dans le sang, Moi, Je Me demande, naïf : est-ce qu'il se soucie réellement de votre santé, de votre avenir et de votre confort de vie ? Sommes-nous tous vraiment aussi soucieux du bien-être de nos pairs ? Pour répondre à cette question, il vous suffit de regarder deux minutes la télé, clic-clac-merci : c'est non, bien sûr.
• Ce qui dérange notre interlocuteur normatif/moraliste, ce n'est pas que vous vous bousilliez les poumons à grandes aspirations, mais que vous risquiez par là-même de lui encrassouiller les siens.
• Pareil pour la conduite éthylique. Ce qui dérange notre Jim'Cricket aux cartons jaunes, ce n'est pas que vous augmentiez largement les chances de faire copuler votre voiture avec un fossé, un ravin ou une glissière de sécurité, mais que vous risquiez par là-même de froisser la jolie tôle de sa belle voiture à crédit, voire de lui froisser définitivement la santé, voire de lui froisser définitivement la vie.
Ben oui. Ce qui est mal, au fond, ce n'est pas de risquer sa vie, mais de se mettre en position de créer par sa conduite une interaction coupable, potentiellement voire probablement dommageable pour la propriété / le confort / la santé des autres.
On est donc passé, l'air de rien, d'un message agaçant de type : "arrête de fumer, ou bien regarde ces photos de tes poumons encrassés d'abord", à un message horripilant de type : "arrête de fumer, tu m'enfumes." Vous fumez chez vous, tout seul : personne ne vous dira jamais rien. Vous roulez bourré sur une route déserte : personne ne vous dira jamais rien. Mais si votre solitude en vient à subir une éclipse, comme ça, d'un coup et même pour une courte durée, personne ne se gênera pour vous dénoncer à la police.
Pour votre bien ? Ben non. Pour le leur.
L'argumentaire a évolué dans le même sens, au point qu'aujourd'hui, les raisons livrées par nos grands ordonnateurs ne reposent plus du tout sur une accusation de marginalité malsaine, mais sur une accusation de criminalité détournée.

Pique-toi à l'héroïne dans ton coin si tu veux, mais si tu me prends un billet dans mon sac pour t'acheter ta dope, alors là, c'est non (stimulus de propriété).
Enterre tes déchets nucléaires dans ton jardin si tu veux, mais si tu menaces par là la santé et le bien-être de "nos" enfants, alors là, c'est non (stimulus de bien-être).
Tue-toi si tu veux, mais si tu me blesses en te tuant, alors là, c'est non (stimulus d'intégrité physique).

Mmm... Notre société est vraiment très jolie.