31 mai 2006

Guide de l'Auteur Mort-Né (2)

Moi aussi, Je suis narcissique.
Et comme J'aime toujours autant poser des carrés de moquette anti-dérapante sous les pieds tout crottés des Prosti-crivains du petit écran, et ben allons-y, "Régle d'or numéro deux" pour tout le monde, version 2 - du rab à tous les étages.
En ces temps de lutte acharnée et philosophique opposant les "oh la la, cracher sur Yann Moix c'est un peu facile" contre les "oui, c'est vrai, mais ça fait du bien" (qui deviennent bien souvent, respectivement, des "en fait t'es rien qu'un jaloux" et des "je sais pas, j'ai jamais taillé la plume de Beigbeder"), Je vais à Mon tour entrer dans cette arène de sueur et de sang qui, parce qu'elle n'est ouverte sur CE "Mon blog" (quasiment) qu'à moi, présente l'énorme avantage de n'être souillée que par Mes propres sécrétions à Moi - ce qui est quand même moins cradoque, convenons-en.
Après les thématiques bloggesques de type "sur le chemin de l'édition" ou "tribulations d'un premier roman", J'annonce donc l'ouverture du deuxième épisode de Mes "conseils à des tocards, de la fange à la frange, puis retour à la fange" (titre un peu long, il est vrai... à croire qu'il arrive à Mon style d'être un peu lourd - incroyable).
Ceux-ci visent tout simplement à faire comprendre, à (tous) ceux que le chemin de la "Prostitution Ecrite" (TM) ou "Prosticriture" (TM) tente, quels sont les instruments nécessaires dont ils doivent s'armer avant de partir à l'assaut des té-esse-èffes, des vernissages et des back-rooms de "la Capitale-Lumière" (TM).

Aujourd'hui, donc, rassurez-vous, l'introduction aura été beaucoup plus longue que le passage consacré au Conseil proprement dit.
Ce qui, au passage, est d'ailleurs le modus operandi favori de la plupart des gens qui écrivent sans avoir la moindre information d'importance à livrer au Grand Monde. Le Vide, rappelez-vous, c'est exactement ça : pas d'information à donner, donc intro-teasing lénifiant, suivi d'un rachitique corpus de renseignements lapidaires.

Le Conseil, donc. CQFD.
Attention, très important. Nous étudions aujourd'hui l'attitude à adopter non plus face aux présentateurs télé pendant vos premières journées de VRP en puttérature, mais celle à adopter une fois que vous êtes déjà devenu un Ponte à Vide, que vous tutoyez déjà Thierry et que vous avez déjà pondu votre auto-fiction "déjantée" sur la coke et les putes.
Attitude à adopter particulièrement en direction des bloggeurs, et autres critiques acnéïques (ou déjà considérés par vous comme tels) du service que vous rendez à l'Art en le produisant, en le reproduisant et en le vomissant au rythme emballant d'une usine à poulets.
Mais attention, il y a plusieurs types de critibloggeurs, ne les confondez pas ! Si chaque pot a son couvercle, chaque type d'attaque peut être également paré au moyen du bouclier idoine. En gros, c'est certes très réducteur (mais c'est comme ça que vous DEVEZ penser quand vous en êtes arrivé à ce niveau, et puis en plus c'est humiliant, ça vous donnera toujours l'Ascendant Factice que vous adorerez arborer en toutes circonstances), très réducteur, donc, mais les types de critibloggeurs peuvent être classés à la hache, selon le volume et l'état éditorial de leurs productions.
Et à chaque type, Je vous propose la réponse idéale. Sympa, non ?
Une règle générale, pourtant, avant d'entrer vraiment dans le vif du sujet : en fait, plus le mec est sincère, plus le jeu est difficile. Plus ses motivations sont tordues, moins elles cachent seulement une jalousie mal placée, et plus c'est du gâteau. Capisce ?

• il y a ceux qui n'écrivent pas, qui se subdivisent en :
- "purs lecteurs", ceux qui n'ont jamais eu envie d'écrire de toute façon. Facile pour vous : "ah ouais, et toi, quand est-ce que tu te décides à écrire ton Ulysse révolutionnaire à toi ? Moi au moins, je fais quelque chose de ma vie."
- "faux écrivains", ceux qui ont écrit un truc potable il y a longtemps, et qui s'auto-proclament depuis lors écrivains de plein droit. Mesquin : "ouais ouais, et toi, t'as terminé la rédaction d'un seul texte, depuis la Terminale ?"

• il y a ceux qui écrivent mais ne sont pas publiés, qui se subdivisent en :
- les "hors jeu", ceux dont la forme adoptée n'est pas du tout "in" dans le monde éditorial, comme les poètes (bouuuuh, nul) ou les novellistes (baaaaaah, sale). Cynique : "désolé, mais moi en tout cas, j'arrive à en vivre, de mes écrits..."
- les "wannabe aveugles", ceux qui pensent A TORT que leur manuscrit vaut le coup d'oeil. Casse-délire : "au fait, tu sais qu'il existe d'autres verbes que "faire", "dire", "être" et "avoir", dans la langue française ? "
- les "wannabe légitimes", ceux dont leur manuscrit vaut vraiment le coup, mais qui se cognent quand même aux portes. Pontifiant : "mais... mais POURQUOI tu as envoyé ton manuscrit sans lettre de recommandation ? Pourquoi ? Je sais pas, moi, demande au moins à Beigbeder de t'en faire une... Ah... Ah oui, tu le connais pas... dur pour toi."

• il y a ceux qui ont publié un ou deux trucs, qui se subdivisent en:
- les "agents doubles", ceux qui voudraient juste prendre votre place dans la télé, en fait. Pédago : "nan mais t'as vu comment tu te sapes, en plus ? et puis faut faire quelque chose à tes cheveux, c'est pas possible. T'es pas télégénique pour un rond."
- les "puristes", ceux qui vous conchient très sincèrement. Puant : "tu sais, y a qu'à partir du quatrième ou du cinquième que tu commences vraiment à te dégager des maladresses du débutant... tu verras... peut-être..."

• enfin, il y a ceux qui sont déjà tranquillement posés dans le monde littéraire, et qui se subdivisent en :
- les "timides", ceux qui n'osent pas faire comme vous pour mieux vendre. Surbooké : "putain, le mois prochain, je commence le tournage du film issu de mon premier bouquin, et puis après-demain, c'est la première de la pièce que j'ai tirée de mon deuxième. Bon, j'te laisse, j'ai rendez-vous avec Obispo pour aller mettre en musique mon recueil de poésie urbaine déjantée... Y aura p't'être Natasha St-Pier, imagine."
- les "cadors", ceux qui vous écrasent en toute légitimité. Euh... bon, ceux-là, n'essayez même pas : vous ne faites pas le poids, de toute façon. J'sais pas, achetez-vous un dictionnaire et changez de registre. Ou alors commencez à écrire des vrais livres.

Voilà voilà voilà... Oh... Je... Ah oui, pardon. Finalement, le conseil aura BIEN pris encore plus de place que l'introduction.
Désolé. Je peux même pas Me faire confiance à Moi-même, c'est une horreur.
(Pour le premier Conseil, c'est par ici que ça se passe).

15 Comments:

Anonymous Anonyme said...

"[Cette arène] présente l'énorme avantage de n'être souillée que par Mes propres sécrétions à Moi - ce qui est quand même moins cradoque, convenons-en."

Un peu comme un slip, en somme, non ?

Tiens, j'ai oublié à quoi je voulais en venir... fichtre.

31/05/2006 17:32  
Blogger Le Taulier said...

Un slip, c'est exactement ça !
Je... crois que...
Je crois...
... que tu as... tout... compris.
Enfin je crois.

31/05/2006 17:46  
Blogger Garrincha said...

La confiance en soi, c'est très surfait. Les slips aussi. Reste quoi ? Le café instantané ?

01/06/2006 10:03  
Blogger Le Taulier said...

... Et le bluetooth, bien sûr. Et puis...
Et puis... Ben et puis... Les Blogs, quoi.

01/06/2006 10:19  
Anonymous Anonyme said...

Je viens juste déposer une petite sécrétion inutile dans les coins marquer mon territoire et si t'es pas content(e) ben c'est pareil je dirais que c'est le chat
Avoir un chat ça fait très écrivain je trouve.

01/06/2006 10:38  
Blogger Le Taulier said...

Absolument, clownbarbare.

Un chat, ça fait très écrivain.

Marquer son territoire aussi.

Les sécrétions inutiles, quant à elles, ne sont que l'apanage de quelques-uns d'entre eux, mais bon, rassurons-nous, en fait, ils n'en sont pas vraiment, ou alors seulement considérés comme tels pendant un mois ou deux.

Merci pour cette sécrétion que je renifle avec un plaisir purement... purement dégueulasse, en fait ! Ca va pour ou quoi ?! Ca y est, J'suis cinglé ?
...
En fait, c'est pas moi, c'est mon chat.
Le chat : la meilleure excuse de l'Homme Moderne.

01/06/2006 10:43  
Blogger Garrincha said...

En parlant d'écrivain (hum ... plus un poète qu'un écrivain, et encore ...) et de territoire :

http://www.paroles.net/chansons/26069.htm

01/06/2006 12:07  
Blogger Le Taulier said...

"Depuis qu'j'suis arrivé,
le string du move est trempé."

Rien à dire. C'est bon comme du bon pain (et fin comme du patchouli).

01/06/2006 12:25  
Blogger Garrincha said...

Ou comme une hypothèse de patchouli. Salée, l'hypothèse.

01/06/2006 13:55  
Blogger Garrincha said...

Ou comme une hypothèse de patchouli. Salée, l'hypothèse.

01/06/2006 13:55  
Anonymous Anonyme said...

"Tu le connais lecteur, ce monstre délicat
Hypocrite lecteur - mon semblable, - mon frère !"

Un dernier baillement, et avaler le monde. Ou le vomir, sempiternelle gerbe, miasmes et mandragores.
Et renâcler, drapé de l'heur des guenilles.

01/06/2006 17:16  
Blogger Le Taulier said...

Joli.
J'aime bien la "sempiternelle gerbe". Et le côté laconique-lymphatique-destructeur (un peu gratuit...?)
Je ne sais pas si le mot convient vraiment, mais s'il t'énerve un peu, je vais pas me priver :
c'est... chou comme petit commentaire.

01/06/2006 17:28  
Anonymous Anonyme said...

Blanc gras fleur de Bruxelles
Romanesco faute d'Etre vénitien ?

Mes plus plates et coperniciennes confuses de n'être capable d'inscribouiller plus de trois lignes. Vila Mata pour idole crépusculaire (et ja-mais actualisée).

Gratuit ou désintéressé ?
(A) côté ou drastiquement sphérique ?

01/06/2006 17:42  
Blogger Le Taulier said...

Mais non, rouge.
Non, Ricaine.
Non, Quête.
Non...
...
Euh, non, euh... faut qu'j'arrête là, je commence à calembourrer.

01/06/2006 18:23  
Anonymous Anonyme said...

Hi! Just want to say what a nice site. Bye, see you soon.
»

11/06/2006 17:01  

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