Guide de l'Auteur Mort-Né (2)
Et comme J'aime toujours autant poser des carrés de moquette anti-dérapante sous les pieds tout crottés des Prosti-crivains du petit écran, et ben allons-y, "Régle d'or numéro deux" pour tout le monde, version 2 - du rab à tous les étages.
En ces temps de lutte acharnée et philosophique opposant les "oh la la, cracher sur Yann Moix c'est un peu facile" contre les "oui, c'est vrai, mais ça fait du bien" (qui deviennent bien souvent, respectivement, des "en fait t'es rien qu'un jaloux" et des "je sais pas, j'ai jamais taillé la plume de Beigbeder"), Je vais à Mon tour entrer dans cette arène de sueur et de sang qui, parce qu'elle n'est ouverte sur CE "Mon blog" (quasiment) qu'à moi, présente l'énorme avantage de n'être souillée que par Mes propres sécrétions à Moi - ce qui est quand même moins cradoque, convenons-en.
Après les thématiques bloggesques de type "sur le chemin de l'édition" ou "tribulations d'un premier roman", J'annonce donc l'ouverture du deuxième épisode de Mes "conseils à des tocards, de la fange à la frange, puis retour à la fange" (titre un peu long, il est vrai... à croire qu'il arrive à Mon style d'être un peu lourd - incroyable).
Ceux-ci visent tout simplement à faire comprendre, à (tous) ceux que le chemin de la "Prostitution Ecrite" (TM) ou "Prosticriture" (TM) tente, quels sont les instruments nécessaires dont ils doivent s'armer avant de partir à l'assaut des té-esse-èffes, des vernissages et des back-rooms de "la Capitale-Lumière" (TM).
Aujourd'hui, donc, rassurez-vous, l'introduction aura été beaucoup plus longue que le passage consacré au Conseil proprement dit.
Ce qui, au passage, est d'ailleurs le modus operandi favori de la plupart des gens qui écrivent sans avoir la moindre information d'importance à livrer au Grand Monde. Le Vide, rappelez-vous, c'est exactement ça : pas d'information à donner, donc intro-teasing lénifiant, suivi d'un rachitique corpus de renseignements lapidaires.
Le Conseil, donc. CQFD.
Attention, très important. Nous étudions aujourd'hui l'attitude à adopter non plus face aux présentateurs télé pendant vos premières journées de VRP en puttérature, mais celle à adopter une fois que vous êtes déjà devenu un Ponte à Vide, que vous tutoyez déjà Thierry et que vous avez déjà pondu votre auto-fiction "déjantée" sur la coke et les putes.
Attitude à adopter particulièrement en direction des bloggeurs, et autres critiques acnéïques (ou déjà considérés par vous comme tels) du service que vous rendez à l'Art en le produisant, en le reproduisant et en le vomissant au rythme emballant d'une usine à poulets.
Mais attention, il y a plusieurs types de critibloggeurs, ne les confondez pas ! Si chaque pot a son couvercle, chaque type d'attaque peut être également paré au moyen du bouclier idoine. En gros, c'est certes très réducteur (mais c'est comme ça que vous DEVEZ penser quand vous en êtes arrivé à ce niveau, et puis en plus c'est humiliant, ça vous donnera toujours l'Ascendant Factice que vous adorerez arborer en toutes circonstances), très réducteur, donc, mais les types de critibloggeurs peuvent être classés à la hache, selon le volume et l'état éditorial de leurs productions.
Et à chaque type, Je vous propose la réponse idéale. Sympa, non ?
Une règle générale, pourtant, avant d'entrer vraiment dans le vif du sujet : en fait, plus le mec est sincère, plus le jeu est difficile. Plus ses motivations sont tordues, moins elles cachent seulement une jalousie mal placée, et plus c'est du gâteau. Capisce ?
• il y a ceux qui n'écrivent pas, qui se subdivisent en :
- "purs lecteurs", ceux qui n'ont jamais eu envie d'écrire de toute façon. Facile pour vous : "ah ouais, et toi, quand est-ce que tu te décides à écrire ton Ulysse révolutionnaire à toi ? Moi au moins, je fais quelque chose de ma vie."
- "faux écrivains", ceux qui ont écrit un truc potable il y a longtemps, et qui s'auto-proclament depuis lors écrivains de plein droit. Mesquin : "ouais ouais, et toi, t'as terminé la rédaction d'un seul texte, depuis la Terminale ?"
• il y a ceux qui écrivent mais ne sont pas publiés, qui se subdivisent en :
- les "hors jeu", ceux dont la forme adoptée n'est pas du tout "in" dans le monde éditorial, comme les poètes (bouuuuh, nul) ou les novellistes (baaaaaah, sale). Cynique : "désolé, mais moi en tout cas, j'arrive à en vivre, de mes écrits..."
- les "wannabe aveugles", ceux qui pensent A TORT que leur manuscrit vaut le coup d'oeil. Casse-délire : "au fait, tu sais qu'il existe d'autres verbes que "faire", "dire", "être" et "avoir", dans la langue française ? "
- les "wannabe légitimes", ceux dont leur manuscrit vaut vraiment le coup, mais qui se cognent quand même aux portes. Pontifiant : "mais... mais POURQUOI tu as envoyé ton manuscrit sans lettre de recommandation ? Pourquoi ? Je sais pas, moi, demande au moins à Beigbeder de t'en faire une... Ah... Ah oui, tu le connais pas... dur pour toi."
• il y a ceux qui ont publié un ou deux trucs, qui se subdivisent en:
- les "agents doubles", ceux qui voudraient juste prendre votre place dans la télé, en fait. Pédago : "nan mais t'as vu comment tu te sapes, en plus ? et puis faut faire quelque chose à tes cheveux, c'est pas possible. T'es pas télégénique pour un rond."
- les "puristes", ceux qui vous conchient très sincèrement. Puant : "tu sais, y a qu'à partir du quatrième ou du cinquième que tu commences vraiment à te dégager des maladresses du débutant... tu verras... peut-être..."
• enfin, il y a ceux qui sont déjà tranquillement posés dans le monde littéraire, et qui se subdivisent en :
- les "timides", ceux qui n'osent pas faire comme vous pour mieux vendre. Surbooké : "putain, le mois prochain, je commence le tournage du film issu de mon premier bouquin, et puis après-demain, c'est la première de la pièce que j'ai tirée de mon deuxième. Bon, j'te laisse, j'ai rendez-vous avec Obispo pour aller mettre en musique mon recueil de poésie urbaine déjantée... Y aura p't'être Natasha St-Pier, imagine."
- les "cadors", ceux qui vous écrasent en toute légitimité. Euh... bon, ceux-là, n'essayez même pas : vous ne faites pas le poids, de toute façon. J'sais pas, achetez-vous un dictionnaire et changez de registre. Ou alors commencez à écrire des vrais livres.
Voilà voilà voilà... Oh... Je... Ah oui, pardon. Finalement, le conseil aura BIEN pris encore plus de place que l'introduction.
Désolé. Je peux même pas Me faire confiance à Moi-même, c'est une horreur.
(Pour le premier Conseil, c'est par ici que ça se passe).